La fouille programmée de la maison des Dragons, à Cluny (71) a été menée du 8 au 27 juillet 2013 par une équipe de bénévoles, dirigée par une archéologue professionnelle (Érica Gaugé, Bureau d’Études Éveha). Cette fouille, demandée par le Fonds de dotation Cluny, avait pour but de confirmer ou d’infirmer l’hypothèse avancée par J.-D. Salvèque P. Garrigou-Grandchamp sur le plan de la maison médiévale primitive.
Celle-ci aurait été, d’après cette hypothèse, composée de deux corps de logis séparés par une cour centrale couverte.
Des sondages ont ainsi été menés dans la cour actuelle afin de vérifier si un corps de logis occupait cet espace au Moyen-âge. Des études des élévations aux premier et second étages ont été couplées à ces sondages afin d’étayer les observations. Les sondages ont mis au jour plusieurs maçonneries et de nombreux niveaux de remblais. Un mur, orienté nord-sud et dont l’arrachement était visible dans le mur nord de la cour, a été entièrement dégagé et nettoyé.
Ce mur est probablement le mur occidental de la maison du XIIIe siècle. Il est doublé, à une distance d’environ 0,30 m vers l’est, d’un second mur, de même dimension. La présence de ce second mur est inattendue et suscite de nombreuses interrogations.
Est-il antérieur à la maison médiévale ? Quelle était sa fonction ? La puissance stratigraphique (0,30 m de remblais, enlevés à la mini-pelle mécanique, puis 1,30 m de façon manuelle) n’a pas permis de fouiller la cour de façon exhaustive mais en plusieurs sondages. Ainsi, les questions suscitées par ce mur n’ont pu trouver de réponses cette année. Une seconde campagne de fouille est nécessaire afin d’affiner les observations et de confirmer les hypothèses.
De plus, le substrat n’a pu être atteint à cause de l’importante profondeur. Cette dernière est limitée pour des questions de sécurité et des paliers doivent être mis en place afin de continuer à descendre les niveaux sédimentaires. De nombreux niveaux de remblais ont été mis au jour dans la cour. Aucun niveau de sol n’a été retrouvé dans la maison (cour actuelle) alors que de l’autre côté du mur, vers l’ouest, un dallage a été mis au jour. Ces découvertes suscitent de nouvelles questions sur le réaménagement de l’espace après l’occupation médiévale.
L’hypothèse d’une cour centrale n’a pu être vérifiée. En effet, le mur séparant la cour actuelle de la pièce centrale a été daté, en élévation de l’époque moderne, voire contemporaine. Ainsi le mur actuel n’était pas celui d’un corps de logis. Mais, il faut garder en mémoire que ce mur moderne a, peut-être, été construit sur des fondations médiévales. Cela devra être vérifié grâce à des sondages au pied de ce mur. Cette première campagne de fouille a engendré plus de questions qu’apporté de réponse. En effet, chaque découverte suscite une nouvelle approche des vestiges. La fouille de l’intégralité de la cour et de la pièce centrale est indispensable pour la compréhension de la globalité de la maison. Cette fouille devra être couplée, sur le modèle de cette première campagne, à une étude des élévations. La détermination d’un phasage de ces dernières et des éléments bâtis (porte, coffre, évier…) permettra de les assimiler aux découvertes en sous-sol et ainsi de comprendre l’histoire de la maison.
Érica Gaugé
Archéologue , Bureau d’Études Éveha